Voici le récit de Juliette*, qui nous raconte son déclic vers l’autonomie, survenu il y a un an jour pour jour.

« J’ai toujours rêvé, depuis toute petite, de visiter l’Australie. Ce pays immense plein de kangourous et d’animaux dangereux, de surfeurs sexy et d’architectures fabuleuses m’a toujours fasciné. Mais jamais assez de congés, jamais assez de sous, pas LA personne pour m’y accompagner et vivre ce rêve ensemble.

Et l’an dernier, oh miracle, j’ai rencontré quelqu’un. Et ce quelqu’un a voulu participer et intégrer mon rêve australien. Quelle joie, quelle satisfaction… En couple avec un beau mec qui veut partager mon voyage australien ! Bon, pour qu’il vienne il a fallu faire quelques concessions.

Moi qui suis plutôt du genre à dormir dans un endroit moyen dans le but de garder le budget pour profiter des activités/parcs/musées, j’ai dépensé 120 000 balles pour l’hôtel. Mais c’est pas grave hein, quand on aime on compte pas. Il voulait venir avec moi en Australie, je n’allais pas pinailler sur son besoin de luxe et de confort.

Rapidement, ce voyage est devenu une monnaie d’échange, voire de chantage.

« Si tu ne fais pas ça, je ne partirai pas avec toi. Si tu ne mincis pas je ne prendrai pas de photos de toi et moi en Australie. Si tu fais ça jamais je n’accepterai de venir avec toi. » Et je cédais. Ça a duré des semaines, des mois. Mais il a été trop loin. Même pour moi.

Deux jours avant le départ j’ai dit stop, ça ne pouvait pas durer comme ça. Il m’a regardé avec son sourire narquois en me demandant comment on allait faire pour l’Australie et je lui ai répondu très calmement qu’il faisait ce qu’il voulait mais que moi j’y allais. Sans lui.

J’ai pris mes ovaires à deux mains et j’ai écris à l’hôtel haut de gamme avec mon anglais niveau 6e que je souhaitais annuler la réservation pour deux. Le mec de l’hôtel me répond qu’il est désolé pour moi et ma rupture, qu’il ne peut pas annuler la première nuit mais qu’il me décrédite toutes les autres sur ma carte bancaire. Yes !!

Forte et fière de ma réussite, j’ai ensuite réservé un lit dans une auberge de jeunesse. Et je suis partie. Au grand dam de ma mère « quoiiiiii tu pars seule ? Dans un pays étranger ? Mais qui va te protéger ? Mais tu parles pas anglais comment tu vas te débrouiller ??? »

Et bien moi maman. Je vais prendre soin de moi. Je vais me protéger moi. Alors je ne vous cache pas que j’ai eu la crainte qu’il se pointe à l’aéroport pour finalement m’accompagner. Mais non. Car finalement la plus couillue des deux et bien c’était moi.

J’ai fait l’un des plus beaux voyages de ma vie. J’ai mangé des sushis à 10h du matin parce que j’avais faim. J’ai cuisiné un simple riz le soir à l’auberge car je devais choisir entre le repas du soir ou une robe et que bien sûr je préférais la robe. J’ai fait 6h de train dans la journée pour voir le canyon. J’ai passé des heures assise dans un seul et même endroit fascinant, à prendre des photos sous tous les angles et luminosités possibles. Je me suis un peu perdue dans les villes et les transports.

Et je me suis trouvée.

Parce que voyager seule permet de s’ouvrir et de faire des rencontres. S’ouvrir aux autres et se rencontrer.
Moi qui ne sais pas aligner 3 mots d’anglais, j’ai crapahuté, visité un petit bout d’Australie, seule et heureuse avec moi même.

Parce que moi et moi-même sommes toujours d’accord et sommes toujours sur la même longueur d’onde j’ai adoré mon voyage. Parce que j’ai été fière de le faire, désormais je sais que je n’ai besoin de personne. Et que la personne qui partagera mes rêves ce sera par envie, et non par besoin. »

* le prénom a été modifié