Quelle joie de se balader dans les contrées sauvages calédoniennes… Au milieu de cette nature survient l’envie de courir, de s’envoler, c’est tellement beau ! Des parterres de plantes exceptionnelles, endémiques et micro-endémiques, des odeurs, des fleurs jamais vues auparavant. Un vrai bijou !

Mais tout est parti en fumée.

C’est triste et révoltant car l’origine n’est pas naturelle. Cependant, je suis heureuse d’avoir pu voir ces plantes. Elles sont dans ma mémoire jusqu’à Alzheimer, et puis elles repousseront. Pas tout à fait les mêmes, mais pas tout à fait différentes non plus.

De toutes façons, tout ne dure qu’un temps. Oui, tout. La beauté comme les incendies.

 

 

Les papillons et les yaourts arrivés à DLC

On peut aisément observer les petites créatures terrestres vivre leur courte vie. Naitre, grandir, se nourrir, se reproduire puis mourir. Certaines n’ont même pas le temps de tout faire car elles ne disposent même pas d’une journée de vie, ces insectes s’appellent d’ailleurs les Éphémères.

En comparaison, nous, humains, disposons d’un temps incroyablement long pour tout faire, nous avons même le temps de le gaspiller en dorant à la plage ou en jouant du ukulélé. Et pourtant, un jour, nous aussi notre heure viendra, comme les Éphémères, les yaourts arrivés à DLC, la compote et vos chaussures préférées.

 

La vie, la mort et les synthétiseurs

On est nés, même si on a rien demandé, et que l’on trouve cette vie jolie ou pas, cela finira. Paf. Mais entre les deux, nous allons vivre tellement de choses, ressentir tellement d’émotions, des tristes, des belles, des moches, des colorées, des grises, des noires. Toutes différentes. Toutes provisoires.

Vous allez aimer à la folie Germaine, puis Violette, puis Jessica, puis vous allez la haïr. Vous allez faire du cheval puis gagner des concours pour finalement vous mettre au pole-danse, vous serez commercial puis vous cultiverez vos salades, vous aurez une moustache, puis une barbe, puis les cheveux roses, vous vous adonnerez au synthé des années 80 et jouerez dans des mariages avant de vous mettre à la méditation intensivement.

Même si nous sommes éphémères, tout, à l’intérieur de nous, l’est aussi.

 

La graisse de canard nous parle : rien n’est figé

La glace, aussi dure soit-elle, fond, (tout comme la graisse de canard). Comme elle, nous changeons au contact des éléments qui nous entourent, constamment. La totalité de ce que je suis aujourd’hui ne sera plus telle quelle demain.

J’aurais gagné un cheveu blanc, j’aurais compris qu’il ne faut pas laisser la porte de la cuisine ouverte quand je me fais couler un café (car cela rend ma collègue très nerveuse), j’aurais appris que rien n’est acquis en me faisant larguer, j’aurais réussi à chanter enfin «Love on the brain » sans fausse note, j’aurais observé comment faire mariner du tofu, etc.

Cette règle du changement s’applique à notre physique, notre mental, mais aussi à tout, absolument tout autour de nous.

 

Le cheveu blanc

Nous ne pouvons pas  empêcher le cheveu blanc de pousser, mais vous pouvez décider que ce n’est pas grave. Comme vous ne pouvez pas décider qui vit et qui meurt (sauf les plantes vertes en pot dans votre appart). Nous avons le contrôle sur notre existence seulement, et encore !

Nous devons la partager avec notre patron, notre mec, nos enfants, nos parents, nos chatons, etc. C’est à nous d’accepter de ne pas pouvoir tout contrôler et de ne pas lutter contre le changement. Car, comme le disait Bouddha « ce qui est douloureux c’est la résistance au changement, pas le changement lui même ».

Rien n’est absolu, tout est changement, tout est mouvement, tout est révolution, tout s’envole et s’en va. Frida Kahlo

 

 

S’adapter, comme la crevette des abysses

Pour rester heureux, il nous faut donc nous adapter aux nouvelles situations, aux pertes comme aux gains. Ces derniers, même cachés sous une couche de bonheur au chocolat, s’avèrent parfois très difficiles à vivre ! Par exemple, gagner au loto peut nous mener à des comportements extrêmes en nous conduisant à l’addiction au crack, à l’alcool, voire au meurtre !

La perte d’un être cher est, quant à elle, toujours douloureuse. Il faut soudain se familiariser avec le vide, le manque d’oxygène, le manque de couleur, le manque de futur. Accepter ne signifie pas oublier, mais avancer. S’adapter est nécessaire à la survie, et nous avons tous des capacités incroyables pour y parvenir, la crevette abyssale est l’exemple type d’une adaptation dans un milieu où il n’existe pratiquement pas d’oxygène et zéro rayon de soleil.

 

Se libérer des peurs et des attentes

En sachant que tout finira (une amitié, votre chat, votre salon de jardin, votre emploi, votre amaryllis, etc.) aujourd’hui, demain ou après-demain, et que vous n’avez sans doute pas beaucoup de contrôle sur tout ça, autant ne pas se faire un sang d’encre avec des angoisses inutiles.

Lorsqu’on attend plus rien, on ne peut plus être déçu. Une fois que l’on comprend qu’il est quasi impossible d’empêcher que les choses arrivent, et que notre seul devoir est de parvenir à faire avec, on prend les choses comme elles viennent. Vous êtes là, maintenant. Faites des bouquets de fleurs des choses autour de vous, composez votre bonheur comme vous pouvez, soyez créatif ! Les gens sont là, le soleil brille, les oiseaux chantent !

Faites comme si, juste pour aujourd’hui, vous étiez évadé de prison. Profitez d’aujourd’hui, sentez la vie en vous et comme on dit, « ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toutes façons vous n’en sortirez pas vivant ».

© Photo de l’incendie : The Running Suitcase