Godfrey Nzamujo est un homme qui a su utiliser son savoir pour faire avancer son peuple. Seul. Ou presque.

M. Nzamujo est né à Kano, au Nigeria, dans une famille d’anciens esclaves revenus d’Amérique en 1949. A 25 ans, il part aux États-Unis faire ses études. Un jour, il tombe sur un reportage montrant l’Afrique dans une misère extrême, mêlant pauvreté, famine et sécheresse. Un choc. En 1985, il revient plein d’énergie et de rage en Afrique avec ses bagages d’apprentissages sur l’économie, l’ingénierie électrique, l’informatique et la microbiologie avec une idée en tête : créer des richesses localement, pour les locaux et avec les locaux.

Il ne s’agit pas d’extraire de l’or ou des diamants, mais d’une richesse vitale : la nourriture. L’ambition est de taille, car sur les terres arides de certains pays d’Afrique, rien ne pousse.

Avec l’aide d’un « groupe d’Africains et d’amis de l’Afrique », il établit le premier centre Songhaï à Porto Novo, capitale du Bénin, à défaut de pouvoir le faire dans son propre pays, qui ne croyait pas à son projet dont le but est de créer un cadre permettant l’homme à produire lui-même suffisamment de richesse pour subvenir à ses besoins.

Malgré les multiples bâtons dans les roues, son centre devient exemplaire et fonctionne à merveille, qui est passé de 1 à 22 hectares en 30 ans. Son fonctionnement est basé sur une agriculture reproduisant les cycles naturels, sans agresser la terre. Il réduit au maximum l’utilisation des pesticides et des engrais chimiques, qui endettent les paysans et stérilisent les sols. Sur ses terres, animaux d’élevage aquatiques et terrestres cohabitent astucieusement avec les plantations. Une logique naturelle, dite « circulaire » est instaurée : les déchets des uns nourrissent les autres.

Il récupère, recycle et il fabrique même ses propres machines ! Pas avare, il partage son savoir en offrant des formations gratuites pour les Béninois, peu chères pour les autres.

13 autres centres ont ouvert depuis, et le plus grand d’entre eux, celui de Katsina au Nigeria, s’étend sur 15 000 hectares – une véritable ville, qui devrait permettre à plus de 50 000 jeunes paysans de vivre de leur activité et non de survivre. Car il offre la possibilité de devenir (beaucoup) plus productif, tout en dépensant moins et en respectant davantage la Terre… que demander de plus ?